De l’ennemi.
L’Homme est un prédateur. L’Homme a besoin de se battre.
Les organisations sociales, les civilisations, les états visent à canaliser ce besoin de prédation. C’est leur seule raison d’être. Ils peuvent à la rigueur modifier les mentalités à la marge, ils peuvent ensevelir les peuples sous des avalanches d’informations inutiles ou fausses, des monceaux de règlementations contradictoires et absurdes, ils peuvent cacher le sens et le but de leurs actions, ils peuvent endormir, censurer, diviser, hypnotiser temporairement des milliards de personnes, ils peuvent susciter la peur ou manier la terreur mais ils ne peuvent jamais transformer la nature essentiellement prédatrice de l’être humain. Le besoin d’accaparement refait toujours surface.
Ce que les biens pensants décomplexés au pouvoir ne veulent pas montrer ou ne pas voir, c’est que les gens trouvent toujours des raisons et des moyens de s’opposer. Si certains groupes, travaillés à cœur et dressés par les puissants aux commandes, perdent temporairement le goût du sang, c’est pour mieux se faire dévorer par ceux qui l’ont conservé.
Les civilisations et les religions ont visé principalement à canaliser, à dompter et à dresser les instincts sanguinaires des personnes. Elles ont à peu près réussi : le meurtre et l’accaparement violent font désormais l’objet d’un opprobre généralisé. Les organisations modernes ont transféré à l’état le monopole de la violence. Les gens restent relativement dociles, car les organisations étatiques sont devenues à la fois plus puissantes, plus professionnelles et plus discrètes dans l’utilisation de la force.
Mais comme le disait Jean de La Fontaine, le naturel revient au galop. Les civilisations, les états, les administrations sont constituées de personnes. Certaines de ces personnes ont beaucoup de pouvoir, d’autres moins, certaines de ces personnes sont parfaitement égoïstes, d’autres cherchent à faire le bien autour d’elles, mais toutes concurrent à augmenter la tension entre d’une part l’aspiration vers la réalisation pacifique d’une société apaisée sur une terre transformée en jardin et d’autre part, l’avidité infinie et le besoin irrépressible d’expansion des hommes et des organisations.
Je peux avancer une prédiction : les groupes qui assument cette idée de progrès, d’expansion triompheront de ceux qui la renient. Mais les sociétés aujourd'hui pacifiées se défendront avec d’autant plus d’énergie qu’elles se pensent posséder le monopole du bien. Elles ne reculeront devant aucune horreur pour tenter d’assurer la prééminence de leurs idées.
L’enfer est pavé de bonnes intentions : pour assurer le triomphe du bien, l’élite ne mettra aucune n’y limite à l’horreur …et pourtant, elle finira pulvérisée.
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