Critique radicale de la «démocratie» (5)
Voici un cinquième problème : la très forte suspicion d'obsolescence que le populo commence à percevoir. Disons simplement que le système se ringardise.
Que penser en effet d’un un procédé inventé et élaborée a des époques où n'existaient ni l'éducation de masse, ni les média grand public, ni les moyens de communication moderne ? Que penser d’un procédé mis au point pour un petit groupe, une élite de citoyens libres dans des cités où la majorité des personnes présentes étaient exclues des décisions car soit esclaves, soit barbare, soit du sexe féminin et où les décisions prises concernaient uniquement la cité elle-même ?
De plus, en pratique, le vote d’une décision devait à l’époque pour être légitime être précédé d’un débat effectif. Ce débat permettait à chacun d’exprimer ses idées, et dans un monde idéal, de tendre vers une forme de consensus ou tout le moins vers l’établissement d’une nette majorité garante, comme nous l’avons vu précédemment, de la légitimité de la décision...et donc garante en définitive de l’inutilité concrète du vote car tout le monde se trouvait rangé au même avis. Disons ici, pour caricaturer, que le vote fonctionne lorsqu’il ne sert à rien.
Nous convenons de nos jours que, pour être légitime, ce débat doit être mené entre citoyens bien instruits, bien éduqués, bien formés et impartiaux. Même si, charitablement, on admet que l’éducation nationale et les média répondent plus ou moins à leur mission, les citoyens réels, eux, ne sont jamais impartiaux. La quantité d’information disponible produit un bruit de fond tellement intense qu’il n’est pratiquement plus possible pour l’électeur potentiel d’en extraire le moindre sens.
Les médias se sont constitués aujourd’hui en une caisse de résonance sélective. Ils choisissent plus ou moins arbitrairement quelques informations risiblement ténues. Chaque organe commente, relaie et amplifie ces micros évènement pour en faire des informations planétaires qui saturent sans coup férir nos possibilités de jugement.
Comment pouvons-nous alors décider où porter nos suffrages puisque nous n’avons qu’une idée confuse du monde ? Nous ne pouvons plus nous le représenter que comme un tintamarre sans signification ni direction.
Nous devons admettre que nous sommes bien loin du gouvernement d’une petite cité idéale et belliqueuse à l’ombre du mon Olympe. Quelle chance à donc ce système de pouvoir convenir à notre monde globalisé de plusieurs milliards d’habitants ?…
B.O.B.